Il est omniprésent : les certifications fleurissent, Grenelle 1 et 2 ont été abondamment commentés, le Contrat de Performance Energétique a eu son heure de gloire sans qu’on sache trop pourquoi elle est venue puis repartie, la libéralisation de la fourniture d’énergies devait être le nouvel Eldorado… Et puis quoi maintenant ?
Tout dépend pour qui. Les professionnels essaient de booster leurs carnets de commandes, les fournisseurs d’énergie sont harcelés par la DGCCRF, et les utilisateurs finaux ne comprennent plus rien dans cette jungle de produits et mesures ou chacun fait son chemin en solitaire. Malheureusement, on entend beaucoup parler des pièges, mais quand ils s’agit des avantages, le discours est toujours très dilué et théorique, sans permettre au client payeur de s’approprier concrètement le sujet. Alors au final celui-ci se demande si les Grenelle de l’environnement n’étaient pas des pétards mouillés, et aurait tendance à abandonner le sujet, quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain.
La réalité est que la majorité des pistes d’économies budgétaires se situe sur les postes énergies et fluides. En effet, les prestations de services et de biens ont vu les prix baisser progressivement ces 20 dernières années, et tout le monde a bien compris l’intérêt de la mise en concurrence. Mais qui pilote aujourd’hui la consommation et les abonnements ? Pas grand monde finalement, sauf ceux qui se sont engagés dans une démarche HQEx. Ça n’est pas toujours simple d’ailleurs, car on arrive rapidement à un certain niveau de technicité, et on se sent vite à la merci des techniciens qui ont forcément quelque chose à nous vendre. Le développement durable est pourtant bien un facteur d’efficacité et de performance, si on l’aborde de manière positive et correctement conseillé.
Tout d’abord également dans la réduction des coûts on l’a vu, mais encore ? Au delà de la terrasse végétalisée très tendance, des panneaux photovoltaïques et autres équipements ultra-coûteux, c’est avant tout une affaire de bon sens. Payer moins cher l’énergie c’est bien, mais ne pas la gaspiller est encore mieux. Dit comme ça c’est évident, mais on ne la gaspille pas, voyons. Vous êtes sûrs ? Votre chauffage collectif est-il bien réglé ? Les équipements communs ont ils une programmation horaire adaptée ? Vos luminaires éclairent-ils ce qu’il faut quand il faut ? Il existe des dizaines de solutions sur le marché, qui pourront faire partie des vôtres… ou pas. Mais il est impératif de relier chaque problème à une ou plusieurs solutions. Sinon, on ne fait que s’offrir un nouveau gadget technique.
Enfin, dans développement durable, il y a « durable ». Non, ça ne se résume pas à la durée de vie ou aux espoirs d’économies énergétiques. Durable signifie qu‘on s’inscrit dans le moyen ou long terme dans ses choix et ses relations. C’est une relation suivie et gagnant-gagnant avec les tiers (prestataires, salariés, administrateurs de biens, occupants), au delà du basique lien mercenaire, entretenu à coups de poings sur la table et de remises en concurrence trop fréquentes. Dans l’immobilier, c’est aussi une intégration harmonieuse d’un immeuble dans son environnement (naturel, économique et social) : on contrôle la production et la valorisation des déchets qu’on produit, on respecte dans la mesure du possible la faune et la flore locales, on facilite l’utilisation des transports doux, etc. Ça n’est pas simplement écologique, c’est une façon de ne pas exploiter ou transformer à outrance, et donc de s’assurer que l’exploitation d’un immeuble est mise en oeuvre pour durer. Voilà pour le « durable », Jean de la Fontaine en parlait déjà dans « La cigale et la fourmi »…
Tout ceci peut être obtenu en restant rentable et performant. Ceci se décide, non pas dans l’argent dépensé, mais dans la différence entre l’argent dépensé et l’argent encaissé. Tout le monde y gagne : un immeuble performant est un immeuble plein et bien loué, dont les occupants sont satisfaits, stables, impliqués.
Sandra Esteves